L’importance de faire décomposer les nombres est un secret trop bien gardé. Pourtant, Mary Baratta-Lorton en parlait déjà en 1976 (en témoignent ses livres « Mathematics their way », « Workjobs I et II »). Depuis, plusieurs auteurs ont tenté de répandre la bonne nouvelle au fil des ans (le plus récent que je connaisse étant Rémi Brissiaud » Premiers pas vers les maths ») mais l’impact est, du moins dans ma région, minime. Alors je souhaite ici vous convaincre que c’est un incontournable de notre planification au préscolaire et que par la suite, vous transmettiez la bonne nouvelle au plus grand nombre de collègues possible!
Selon moi, un enfant qui sait décomposer de 1 à 5 est beaucoup plus avancé qu’un enfant qui sait compter jusqu’à 20. Pourquoi?
Parce qu’un enfant qui a compris que 5 c’est
- 1+1+1+1+1 ou
- 2 et 2 et encore 1 ou
- 4 et encore 1
a compris que le 5 indique un groupe d’objets et non une étiquette collée sur le dernier objet compté (numérotage). Il a aussi compris que le 5 peut se partager en parties et que ces parties peuvent se rassembler de nouveau et formeront toujours 5. L’élève a compris aussi les relations entre les nombres 1,2,3,4 et 5 : ce qui vient avant, après, ce qui est plus, moins etc. Enfin, il a compris que le 5 est invariant des parties qui le composent.
Il a donc fait un bon bout de chemin dans sa compréhension du concept du nombre!
De plus, il peut reconnaître beaucoup plus facilement les constellations qu’on utilise en classe ( constellations du dé, des cartes à jouer, des « Ten Frames », etc.) car nous les « lisons » en les décomposant sans y penser.
Tentez l’expérience, comment votre cerveau reconnaît ceci:
Est-ce une organisation des 3 jetons de la ligne du haut avec les 2 jetons de la ligne du bas?
Ou est-ce une équipe de 4 jetons (à gauche) plus 1 jeton?
ou 2 paires et un jeton seul?
Peu importe, vous savez déjà que vous n’avez pas besoin de compter un à un les points. Nous avons additionné me direz-vous. Tout à fait. Mais avant de comprendre les additions, les utiliser, les mémoriser, il y a une grande étape: comprendre qu’un nombre est divisible en sous-quantités. Donc qu’un nombre peut être divisé en parties et que ces parties refont toujours le même tout une fois réunies.
Que de chemin parcouru dans leur cerveau pour une toute petite façon de faire que l’on gagne à mettre un peu partout, tout au long de l’année, dans notre planif!
Des idées d’activités de décomposition viendront bientôt,
et si vous en avez, partagez-les nous!!!
Marie Claude
Je suis de ton avis et je mise là-dessus plutôt que sur le comptage. C’est comme connaître le son des lettres pour apprendre à lire plutôt que de connaître la comptine de l’alphabet. Cela dit, mon opinion est parfois contesté… Les albums à calculer de Rémi Brissiaud (des éditions Retz) sont tout simples et font une bonne partie du travail. Les enfants adorent !